J'ai
toujours ressenti que le divin n'était pas une personne en son 'centre'
impersonnel transcendant.
Je voudrais essayer de dissiper un
malentendu qu'on observe souvent chez les propagateurs de ce qui est
appelé quelque part le "néo-advaïta" (Eckart Tolle en est l'exemple parfait comme continuateur
de la pensée de Krishnamurti, du bouddhisme Chan dont ce dernier s'inspirait, etc.)
L'ego,
la mort de l'ego, l'anéantissement de l'être dans le divin, est mal
compris -je dirais compris à la mode de la pensée matérialiste et non
sur un mode spirituel-.
Une phrase dite par Jean-Yves Leloup l'exprime parfaitement. Cette phrase est : "ce n'est pas la peine de casser une cruche pour savoir qu'elle contient une Source".
Tout
est dit -et JYL exprime
cela aussi en parlant des 'défauts des saints', et du fait que ce sont des
personnes imparfaites, mais qui témoignent de la Présence en eux du
Parfait.
L'ego
n'a pas à mourir dans le sens où la forme n'a pas à être détruite; nous n'avons pas à
renoncer à notre personne manifestée, pour nous faire témoins-acteurs de la présence
en nous du Principe.
Notre forme manifestée continue d'exister, mais c'est l'identification de l'ego à elle qui a cessé.
Simplement, par moments, peut-être la moitié, les 3/4, les
9/10 du temps, nous avons à nous oublier en tant que présence pour
devenir Présence.
Mais une fois la conscience établie en la Présence, le fait d'assumer notre présence (et ses impératifs vitaux) ne change en rien le fait que l'illusion soit morte. L'illusion et pas nous. L'identification à notre ego, pas notre ego qui n'est que la partie non matérielle (mais bien réelle et nécessaire) de notre être matériel.
Alors à ce moment
la fleur 'devient son parfum' et l'essence parle plus fort que la forme
extérieure.
Le fait que notre perception d'elle ait permis cette
transcendance de la fleur n'a pas fait disparaitre son être physique.
C'est seulement notre conscience qui a voyagé plus loin que l'aspect
manifesté (et ce faisant en a révélé l'aspect irréel et illusoire) pour
atteindre à l'être même : l'essence de la fleur, son parfum, son âme.
Ainsi en va-t-il de nous, et de notre 'êtreté'.
Pour
reprendre de nouveau l'image du point vide qui rayonne, point ne pouvant être
connu que par son rayonnement qui, lui, étant manifesté, témoigne de la
Réalité du Vide rayonnant qui l'a fait naître : nous devenons Personne,
être Réel, au moment où notre conscience atteint le point vide central,
et le distingue comme étant notre Source personnelle par laquelle
s'infuse en nous le Principe.
Nous percevons que la vie nous est infusée
depuis là, et même mieux : que tout ce qui nous constitue et n'est que la projection du point vide n'est pas
vivant, ne nous contient pas en tant qu'êtres; et qu'en conséquence l'Essence de notre être personnel se
trouve en la Source, en un Vide impersonnel.
Photo : Maurice Utrillo 1883-1955, Fleurs dans une cruche.
Jean Yves Leloup "Dieu en tant que personne".
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