mardi 31 décembre 2013

Hic & Nunc

Ce n'est pas parce qu'on ne sent pas bien dans le présent qu'on désire le futur, c'est parce qu'on désire le futur qu'on ne se sent pas bien dans le présent...
tom raggs 


(Photo horloge astronomique de Prague)

lundi 16 décembre 2013

Fin du jour & fin de l’année




Un jour, au printemps 77, je dormais sur la plage de Calvi, et je me suis réveillé vers quatre ou cinq heures, pour voir le lever du soleil… En extase, j'ai admiré le ciel rougeoyant comme une orange sanguine… et me suis rendormi comblé par tant de beauté… 

Beaucoup plus tard, lors d'une période difficile, j’ai appris à aimer aussi les couchers de soleil, ce lent naufrage de l’astre de vie qui s’enfonce derrière l’horizon, et nous laisse en face de notre finitude, avec une sorte de nostalgie… 
Il me disait, avant de s’éclipser : "tu vois rien ne dure, et ta douleur ne durera pas, elle non plus"…
Tristesse ? Mais quelle beauté aussi dans cette petite mort du jour ! 

C'est ce que la nature nous dit tous les soirs : la fin est aussi belle que le début. 
Mais écoutons-nous la nature ? 
Il y a bien sûr de la peine, dans la vie : c’est le monde de la matière qui est ainsi.
L'eau est tristesse des cascades, mais aussi calme des grands lacs, impermanence.
En somme la paix, c'est de ne plus agiter l'eau !

Bientôt la fin de l'année : le solstice d’hiver, celui qu’on n’aime pas trop non plus : le soleil va rester pendant trois jours immobile, agonisant...
Va-t-il mourir ainsi, 'the Sun God', sur la constellation de la Croix, avec les trois rois mages d’Orion, alignés sur l’étoile du berger Sirius? 

Ou va-t-il renaître, le 25 décembre, et ressusciter, 'the Son of God', sous la constellation de la Vierge, et les jours recommencer à rallonger, comme on l’espère ?
Est-ce pour cela que les gens s’étourdissent de fausses lumières, de cadeaux et de chocolats... et s’enguirlandent le cœur pour n’en point voir la tristesse et l’anxiété ?

(Photo : "Soleil couchant sur les marais salants", Ile de Ré, par Norbert Faureau)

dimanche 15 décembre 2013

Les analyses éymologiques de tom raggs

PARLEMENT : mot formé de deux autres "parle" et "ment".

PARLEMENTAIRE : mot formé de "parlement" et de "taire".

DISCUSSION PARLEMENTAIRE : discussion au parlement où les vraies questions ne sont jamais abordées.


(Sauf lorsque le député belge Laurent Louis prend la parole ! -Mais là, étrangement, la salle se vide, ce qui en fait confirme la définition-.)

https://www.youtube.com/watch?v=elL43pZM15Q

vendredi 13 décembre 2013

♫♪♫♪ Il est Liiiiibre Masque ... ♫♪♫♪



Celui qui connait sa nature véritable n'a plus besoin de se cacher derrière son masque, mais il n'a pas pour autant besoin de l'enlever (il serait du reste bien en peine de le faire), car tous ceux qui le prennent pour ce masque en ont besoin, ne connaissant pas leur propre nature, et donc ne pouvant pas non plus la voir en autrui.
La rage de vouloir 'détruire son ego' est le fait de personnes abusées par les métaphores de l'advaïta et des théories néo-advaïtistes à la mode dans le New Age...
On retrouve tous les concepts de Eckart Tolle dans Krisnamurti, lequel les avait pris dans le bouddhisme Ch'an. (Ceci dit cela n’ôte rien à la valeur de ces enseignements, qui ont cette fabuleuse propension à épouser à merveille le ressenti de celui qui s'éveille, et qui peut donc en éprouver et constater la vérité depuis sa propre expérience.)
Mais les vivre est aussi ce qui permet de ne pas être trompé par les métaphores et poursuivre des chimères irréelle.
Tant que nous avons un corps, nous avons besoin d'un ego pour en prendre soin et le défendre au niveau matériel de l'existence.

Se libérer de l'ego n'est pas le tuer ou le perdre, c'est cesser d'en être victime, à cause de l'identification enfantine qui consiste à croire dans la substantialité ontologique des apparences physiques et des circonstances et pérégrinations de notre être et personnalité matériels.
Cette illusion une fois dépassée, l'ego n'est plus vécu sur le même mode sérieux qu'auparavant.
Jouer avec son masque devient un jeu et un art, et incarner ainsi un personnage qu'on sait ne pas être est un régal, car qui peut détruire quelqu'un qui n'existe pas ?
Ainsi la peur est absente et il ne reste que la joie au profond, même si tristesse ou tensions inévitables rôdent toujours à la surface des apparences ; nous ne sommes plus identifiés à l'apparence et le regard porte vers la profondeur comme des rayons X. Car le degré de réalité va croissant avec le niveau de profondeur de la perception/conscience; ainsi la tristesse est éphémère, mortelle, mais la joie ne l'est pas.

Et parfois on se grise de cette liberté retrouvée et on en joue trop, et  à force de jouer, on peut finir par se faire piéger, oublier l'essence et être aveuglé de nouveau par l'apparence.
Mais quelque chose a changé : avec l'avancée de la 'réalisation', la sanction tombe de plus en plus rapidement, si on a le malheur de se prendre au jeu, donc de se rendormir au niveau du masque et d'oublier de voir le réel derrière le masque, le feu dans son creuset de terre...

Ces retours, ces régressions de conscience sont donc nécessaires afin d'ancrer la Présence de plus en plus, jusqu'au moment où elle ne nous quitte un seul instant.
Car la Présence ne disparait jamais, en réalité, c'est juste que la conscience se laisse happer par le superficiel, et porte la direction du regard vers l'extérieur, oubliant sa propre nature essentielle. Comment est-ce possible? C'est comme un acteur qui s'oublie le temps d'incarner un personnage. La vérité ne cesse pas d'exister, mais la conscience l'ignore pour les besoins de ses activités (ici être quelqu'un d'autre).
Ces régressions seraient nécessaires et ce que j'appelle des 'révisions', car nous oublions (et les couches très profondes de la psyché n'ont pas encore intégré) la lumière de l'être, étant seulement mémoire et restées en partie dans une vieille illusion.

Retourner dans le passé, pour le réactualiser à la lumière de l'état présent, équivaut à y mettre un bon coup de nettoyage, d'où la rechute provisoire en mode « c'est moi qui »...  Mais non banane c'est plus toi, combien de fois va-t-on devoir te le rappeler ! 
Le Vieil Homme, ramassis des guenilles du passé, le vieux moi, ne peut prendre connaissance des compréhensions qui ont lieu en dehors de lui, mais il se fait de plus en plus rare et amnésique; il est comme des morceaux de personnalité dissociés qui vont en s’étiolant, un reste des multiples facettes contradictoires de l'ego identifié à ses souvenirs.

jeudi 12 décembre 2013

La Sagesse du Dragon


Le dragon dit à sa promise : "puisqu'il faut draguer, et bien dragons, tu es chérie la dragonne qui me lie à ma propre sagesse !"

Un beau château se mire


un beau château se mire | erim es uaetâhc uaeb nu
tom raggs                                                  sggar mot
ʇoɯ ɹɐƃƃs                                                  sƃƃɐɹ ɯoʇ
nu qǝɐn ɔɥɐʇǝɐn sǝ ɯıɹǝ | ǝɹıɯ ǝs nɐǝʇɐɥɔ nɐǝq un

mardi 10 décembre 2013

Pensées sur l'éveil


Il est dit quelque part : 
« Celui qui voit, ce qui est vu et le fait de voir sont une seule et même chose », bien.
Aussi :
« Parler de la question de voir et de l'identité de celui qui voit est donc inutile », parfait.
« La question du ‘Qui voit’ sombre dans le vide d'où elle n'aurait jamais dû sortir », hum, ça donne cette impression !
Peut-on en déduire, alors, que parler de spiritualité est l'art de parler pour ne rien dire, mais sans dire (trop) de conneries ?
Question annexe : 
Si celui qui pose cette question n'est personne (de différent de Cela qui Est), Qui va y répondre ?

L'éveil n'est ni le but ni le point d'arrivée d'un quelconque chemin : c'est le début d'un processus qui en réalité n'a pas de fin. Ainsi je crois qu'on peut dire que même la ‘Réalisation’ (fait de vivre l'éveil totalement, au quotidien, ce qui est appelé parfois 'spiritualiser la matière') n'a pas non plus de fin, hormis l'accès à sa propre divinisation.
Mais si on parvient à cela, cessera-t-on pour autant de vivre, d'évoluer ? À l'évidence non, bien au contraire (bien qu'à ce niveau il n'y ait pas de dualité et donc par de contraire !).
Vivre c'est être, c'est autre chose que d'avoir un corps physique doté de propriétés organiques !
À ce titre bien des gens qui croient être vivants, ne sont pas encore nés vraiment !
Car il y a une première naissance en tant qu'être physique, et une deuxième en tant qu'être spirituel, conscient de son existence absolue...
On peut supposer que c'est ce qu'à voulu signifier Sartre en disant : 'L'Existence précède l'Essence'. Malheureusement, je crois que cette philosophie a été mal comprise, car elle tend à laisser croire que l'esprit surgit de la matière, ce qui n'est pas exact d'un point de vue du paradigme spiritualiste.
Enfin cela n'est pas d'une importance fondamentale, n’est-ce pas, tant qu'on ne croit pas que les mots et les théories peuvent circonscrire la vérité !

En somme la Réalisation n'est que l'acceptation du Vide, et la Libération nait de la conscience de ne pas être, car ainsi de fait on ne peut mourir non plus, et tout se dissous.
Ben : dissous, c'est pas cher pour une vérité d'un tel prix !

(Tableau : zayasaikhan sambuu)

dimanche 8 décembre 2013

La douleur et la grâce


"Le trouble, l’angoisse, les malaises existentiels, la souffrance, la maladie, la proximité de la mort sont voies royales vers la sagesse", me disait récemment un ami. Ce à quoi j’ai répondu :
Oui : c’est quand il n'y a plus d'échappatoire que le plus simple se produit, que la grâce apparait.
Non pas parce que nous faisons quelque chose de spécial pour, mais au contraire parce que nous ne faisons plus rien pour l’empêcher.

Ainsi, ce qui est dramatique dans la vie, c’est de constater (mais c'est peut-être dans l'ordre des choses), qu'on attend bien souvent d'y être contraint pour s'abandonner au Principe.
Tant que des petits plaisirs sont possibles, tant que des distractions demeurent à portée du mental ou des sens, l’on s’y précipite par faiblesse, par habitude, par ignorance.
Et cela tend à nous faire dévier de cette voie si simple, la voie où les choses se font en dehors de toute volonté, ce qui les rend si belles et si pures, inaltérables, inaliénables. 
Car ce qui n’est pas ‘fait’ ne peut être défait.
Lorsque nous reposons en ce fond de l'être, nous avons réalisé l'Alpha et l'Omega, et le reste suivra, le reste est secondaire...

Mais pourquoi en est-il ainsi ? Et pourquoi ce refus ?
N'est-ce pas à cause du fait que nous avons une vision erronée de notre vrai bien ?
Que nous confondons le bonheur ineffable de l’Abandon à la grâce (inconnu de nous, ou plutôt non vu, non reconnu comme vraie nature profonde de l’esprit), avec la passivité routinière de plaisirs frelatés qui nous sont, eux, connus et que nous désirons inlassablement reproduire ?

J'ai découvert cet 'espace de non-moi' lors d'une épreuve douloureuse, il y a des années de cela, la séparation d’avec un être aimé.
Mon ‘moi’ était tellement en peine que je ne pouvais plus y vivre, j'ai failli mourir de chagrin.
Mais paradoxalement cette douleur fut l’aiguillon précieux qui a signé mes premiers pas sur le Sentier.

La douleur fut le guide, le voyant, l'alarme pour savoir à quel moment je sortais de l'espace du moi pour entrer dans l'état de grâce, où la paix devenait enfin possible, où la douleur cessait.
Car ce moi éphémère qui l'éprouve ne peut jamais pénétrer cet autre espace lumineux.

C'est ce qu'on nomme je crois dans le bouddhisme 'prendre refuge' : il s'agit réellement de faire un bivouac au dessus de la souffrance.
Et là, réellement on ne la sens plus, elle est transcendée.
Non, ce ne sont pas que des mots, c'est réel.

samedi 7 décembre 2013

Le Silence

Il nous faut 
conquérir le Silence.
S'habituer à considérer 
et comprendre 
le fait qu'il contient tout.
Les discours sans fin, 

les contradictions du mental,
sont en réalité 
limitation de conscience.

- tom raggs -

vendredi 6 décembre 2013

Le dragon dans l'ombre


Il est dit dans beaucoup d'enseignements spirituels que la félicité vient du renoncement, souvent aussi appelé lâcher prise.
Mais comment renoncer sans rompre les liens sociaux, ne pas se faire exclure du système consumériste dans lequel on vit bon gré mal gré, garder contact avec autrui, sans renoncer... à renoncer.
Peut-on prétendre à la réalisation en baignant sans cesse dans la propagande ?
Questions difficiles autant que centrales pour le chercheur spirituel !

Je pense qu'il est illusoire de vouloir y répondre de façon générale : cela dépend de chacun, de son état ‘d'avancement’ intérieur, autrement dit de la conscience qu'il a de l'importance relative des choses et de sa connaissance de lui-même.
Le problème majeur est l’aveuglement dans lequel nous avançons : nous confondons tout.
Par exemple nous ingurgitons des idées ou des comportements toxiques, recherchant l'amour ou l'approbation de nos semblables, et pensant inconsciemment que d'adopter leurs errements nous rapprochera d'eux, donc de l'amour dont nous manquons cruellement.

La question est : pour renoncer sans que ce renoncement soit une automutilation, un dolorisme  masochiste, il faut avoir trouvé en soi quelque chose qui fasse que ce renoncement soit naturel, automatique, agréable même.
Il me parait être le but et le sens de la vie de découvrir cette Source de satisfaction intérieure.
Quelle est-elle ?

C'est tout simplement le contact avec ou la conscience de notre propre âme, de notre être véritable et inaliénable, recouvert le plus souvent par toutes ces choses factices imposées par l'éducation, la société, nos propres expériences et traumatismes, bref tout ce qui concourt à l'élaboration d'un faux moi retranché dans l'illusion, essayant désespérément d'échapper à la douleur...

Comme dans les contes de fées : retrouver la belle princesse, notre âme, est souvent périlleux, car un dragon défend l’entrée du château où elle se trouve prisonnière.
Ce dragon terrifiant, c’est l’ombre qui recèle toutes les souffrances dont nous ne voulons pas, la terreur et la fureur qu'elle provoque, et qu’il faudra pourtant un jour ou l'autre affronter pour les dépasser afin d'arriver jusqu’à l’Amour.

(Photo : Paolo Uccello - Saint Georges terrassant le dragon, 1439-1440 - Paris, Musée Jacquemart-André).

jeudi 5 décembre 2013

Pégase

Dans l'improvisation musicale ou poétique, par oral et même dans une certaine mesure par écrit pour peu que les techniques soient suffisamment maîtrisées, et cette remarque est applicable aussi à tout comportement spontané, j'avais remarqué depuis longtemps la finesse incomparable de ce qui est agit, envoyé, 'à cheval sur Pegaze'.
Vouloir le refaire de façon volontaire est presque impossible, ou demande un dur labeur, même si techniquement cela semble à notre portée, puisque cela est venu spontanément.
Pou
rquoi ?
C'est que le lâcher prise qui préside à l'inspiration, permet à l'Esprit de synchroniser lui même tous les micromouvements nécessaire à sa propre expression avec une divine précision et perfection. Lorsque la volonté personnelle de ce qu'on pourrait par conséquent appeler l'ego entre en jeu et prétend prendre les commandes de l'être que nous sommes, on peut mesurer à quel point celle-ci est gourde, inefficace, incapable de produire une coordination entre plusieurs choses, etc.
C'est que le cheval Pégaze est furtif, et qu'il n'a pas de rennes, et qu'il y a des milliards de milliards de 'Pégaze' dans les écuries du Ciel.

Il faut, pour rester inspiré, laisser partir l'ancien et monter un cheval nouveau à chaque élan créatif.