vendredi 6 décembre 2013

Le dragon dans l'ombre


Il est dit dans beaucoup d'enseignements spirituels que la félicité vient du renoncement, souvent aussi appelé lâcher prise.
Mais comment renoncer sans rompre les liens sociaux, ne pas se faire exclure du système consumériste dans lequel on vit bon gré mal gré, garder contact avec autrui, sans renoncer... à renoncer.
Peut-on prétendre à la réalisation en baignant sans cesse dans la propagande ?
Questions difficiles autant que centrales pour le chercheur spirituel !

Je pense qu'il est illusoire de vouloir y répondre de façon générale : cela dépend de chacun, de son état ‘d'avancement’ intérieur, autrement dit de la conscience qu'il a de l'importance relative des choses et de sa connaissance de lui-même.
Le problème majeur est l’aveuglement dans lequel nous avançons : nous confondons tout.
Par exemple nous ingurgitons des idées ou des comportements toxiques, recherchant l'amour ou l'approbation de nos semblables, et pensant inconsciemment que d'adopter leurs errements nous rapprochera d'eux, donc de l'amour dont nous manquons cruellement.

La question est : pour renoncer sans que ce renoncement soit une automutilation, un dolorisme  masochiste, il faut avoir trouvé en soi quelque chose qui fasse que ce renoncement soit naturel, automatique, agréable même.
Il me parait être le but et le sens de la vie de découvrir cette Source de satisfaction intérieure.
Quelle est-elle ?

C'est tout simplement le contact avec ou la conscience de notre propre âme, de notre être véritable et inaliénable, recouvert le plus souvent par toutes ces choses factices imposées par l'éducation, la société, nos propres expériences et traumatismes, bref tout ce qui concourt à l'élaboration d'un faux moi retranché dans l'illusion, essayant désespérément d'échapper à la douleur...

Comme dans les contes de fées : retrouver la belle princesse, notre âme, est souvent périlleux, car un dragon défend l’entrée du château où elle se trouve prisonnière.
Ce dragon terrifiant, c’est l’ombre qui recèle toutes les souffrances dont nous ne voulons pas, la terreur et la fureur qu'elle provoque, et qu’il faudra pourtant un jour ou l'autre affronter pour les dépasser afin d'arriver jusqu’à l’Amour.

(Photo : Paolo Uccello - Saint Georges terrassant le dragon, 1439-1440 - Paris, Musée Jacquemart-André).

6 commentaires:

  1. Réponses
    1. merci jean-françois, je viens de remettre une phrase d'intro. il ne paraissait pas évident de partir d'emblée sur le renoncement, sans préciser sa valeur spirituelle...

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    2. La force du dragon est le gardien de l'amour. Plus le dragon est terrifiant plus l'amour sera puissant. Lire son âme est une épreuve qui chauffe le corps, une fièvre qui met en ébullition toutes ses possibilités, autant démoniaques que saintes. Entre ange et démon la conquête de l'âme passe par le cap de la sainte terreur, sur la crête on oscille entre les précipices du bien et du mal. La victoire sur le jugement permettra la paix de l'âme, ni ange ni démon.

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    3. oui, j'aime bien le 'cap de la sainte terreur' : difficile pour la plupart des gens d'affronter cette terreur secrète et, partant, de l'apprivoiser pour s'en libérer. d'accord aussi sur le feu de l'âme qui réveille celui du dragon, en somme : pas de dragon, pas de félicité. tout le problème est : comment faire avec lui pour que sa puissance nous serve sans nous détruire ni détruire tout autour de nous.
      c'est pourquoi, il est dit dans toutes les traditions initiatiques, qu'il faut commencer par éveiller la maison ciel, pour pouvoir affronter la puissance de la maison terre sans s'en trouver détruit.
      alors dans ce cas les puissances opposées s'équilibrent.
      2à2 : 1&7, 2&6, 3&5, 4 au centre !

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  2. Tout comme il est dit que Le dragon qui sait piquer des colères monumentales, cracher son feu, sait aussi inspirer la belle énergie de l’intuition quand il est en paix dans sa force...

    Merci Tom !

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  3. "le dragon en paix dans la force", c'est une belle expression.

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