La
colère est une phase de découverte de soi, la traversée d'une partie
de l'ombre, il est donc positif de la contacter, elle est en lien avec
l'essence qui fut bafouée à un moment donné de la vie. Cette colère
ayant été occultée pour des raisons de survie, elle fut 'stockée' pour
être affrontée plus tard. La difficulté est de ne pas
mélanger cette colère ancienne qui se réactive souvent sous l'influence
de situations présentes symboliques de la situation initiale ayant
provoqué cette colère terrible, avec les déclencheurs actuels qui y
renvoient et qui sont innocents (vos proches) et à qui donc, il ne faut
pas la faire porter, ce qui pourrait être extrêmement destructif pour
eux.
Essayer
de savoir à quoi cette colère ramène n'est pas toujours aisé, car
certains souvenirs comme des souvenirs intra-utérins, de la naissance ou
des premiers mois ne sont, bien souvent, pas accompagnés d'images, ils
sont seulement émotionnels.
Mais on peut savoir intuitivement en quoi consistent les blessures en observant le lien entre elles et la situation présente.
Il
peut être utile de se réserver des plages de solitude et même
d'isolement, en un lieu sécurisé, seul ou accompagné par professionnels,
où on puisse s'autoriser à vivre sa colère, car il est très difficile
de l'extirper sans y pénétrer profondément et donc, si elle est très
violente, elle peut amener des extériorisations physiques telles que
cris et gestes incontrôlables.
La
pratique d'un sport, d'un art, d'un travail corporel peut permettre de
canaliser aussi la colère vers l'extérieur en l'investissant
physiquement, au fur et à mesure qu'elle se manifeste.
La
traversée de la colère et sa guérison nous met en lien avec notre
vraie force. Une fois calmée, contrôlée et utilisée avec maîtrise. Elle
est une partie de notre essence à laquelle nous avions dû renoncer
pour nous conformer à ce que la vie semblait attendre de nous étant
enfants.
Elle est possiblement aussi en lien avec des situations qui ne font pas partie de cette incarnation.
Cette traversée de la colère peut durer quelques jours, semaines, voire mois.
Les couches profondes de la colère sont souvent une terreur profonde en lien avec la possibilité de mourir.
Chaque
nouvelle compréhension de situations est l'occasion de rectifier le
faux moi illusoire, il convient de 'réécrire' ses souvenirs et ses
idées sur soi-même, à la lumière de la nouvelle conscience de façon à
redresser le mental au fur et à mesure que l'émotionnel se guérit.
C'est cette opération qu'on appelle souvent improprement se 'dépouiller
de l'ego'. Non pas 'tuer' l'ego (l'ego meurt de sa belle mort... ou
reste bien vivant ! mais on ne le 'tue' pas...), pour ne plus avoir de
moi, mais rétablir un moi conscient qui soit basé sur l'essence, dont
cette 'rage' de vivre légitime, qu'il faut (ré)intégrer, à laquelle il
faut s'habituer pour en faire une alliée, et non plus servir un faux
moi en carton pâte, basé sur la peur dissimulée sous un masque mensonger
destiné à 'tromper l'ennemi', hélas en se trompant aussi soi-même.
Pendant
ce travail une partie de notre conscience reste spectatrice et neutre,
ce qui fait qu'on peut en réalité mettre fin à cette connexion aux
couches profondes à chaque instant, si la situation n'est pas propice à
l'évacuation émotionnelle. C'est pourquoi il peut être si
précieux de canaliser cela dans des circonstances propices, lorsque
personne ne risque soit de prendre des éclats qui ne lui seraient pas
destinés, soit de provoquer la réactivation du système de défense et le
retour de la colère aux oubliettes (avec souvent pour résultat le
retour aussi des somatisations qui étaient l'expression de cette colère
s'exprimant par une maladie faute de pouvoir accéder à la
conscience)...
Les signes
infaillibles qu'on se trouve dans le vrai et non dans une illusion de
guérison sont : la disparition des symptômes physiques de maladies, et la joie qui est tout de suite derrière les prises de conscience.
La
pratique d'un art comme le chant ou la comédie peut être très bénéfique
pour canaliser des émotions violentes d'une façon acceptable
socialement... Beaucoup d'artistes sont de grands malades qui se
soignent de cette façon, et les rappeurs me font à cet égard l'effet de
colériques chroniques ! Mais il y a un danger toutefois à
systématiser la colère ainsi, c'est de l'entretenir d'une façon
artificielle, au lieu de la guérir. Le but n'est pas la colère, même si
on en fait un gagne pain (ce qui comporte un danger pour soi et les
autres), mais la guérison de celle-ci pour atteindre la joie dont elle
bloque l'accès...
Chaque
nouvelle libération d'affects anciens fait de la place nouvelle où
l'on peut avantageusement accueillir 'la lumière' (la conscience), ce
qui peut être douloureux comme lorsque le sang revient dans un membre
qui était paralysé. Mais il y a parallèlement un sentiment de paix et de libération qui suit ces prises de conscience.
Dernier
point important : ne pas confondre une légitime colère du présent
(face à un manque de respect de sa personne par exemple, ou face aux
injustices et horreurs du monde, colère sainte si on peut dire, même
pour ce qui est de se défendre soi-même) avec une remontée de colère
ancienne provoquée par la symbolique d'une situation (et dont le
déclencheur actuel n'est pas responsable, dans ce cas)...
Il
arrive aussi qu'une colère soit un mélange de présent et de passé :
elle semble légitime au vu de la situation actuelle, alors qu'elle
comporte une 'branche occulte' qui résonne douloureusement dans le
passé et qui vient l'envenimer. C'est à nous, donc, de
prêter attention à ces ramifications, d'en suivre les implications qui
nous mènent sur le chemin de notre ombre, de façon à la clarifier pour
faire la part des choses et avancer dans la connaissance de nous-mêmes.